Au fil de l’eau, le quotidien au refuge du Vordermeyersbuhl octobre 2023

Ce matin, c’est un Fagus qui achèvera cette journée mondiale dédiée à la sauvegarde de la création. Quel beau sujet de méditation offert aux hommes que cette minuscule punaise !

Arrêtons nous un peu, mon ami (e), je te prie, sur cet écusson en forme de coeur que mâle et femelle portent sur leur dos. Un coeur ?! L’image ne nous est elle destinée ? Va savoir. Rien ne semblant exister pour rien, un tel dessin ne peut être sans dessein, n’est ce pas ? La nature est parsemée de ce fol symbole, tiens, regarde : la feuille du tilleul en forme de coeur, les plumes du faucon crécerelle parsemées de petits coeurs.. A quel être, sinon l’humain, veux tu qu’une telle image soit destinée ? Est il une autre créature sur terre qui puisse s’en émouvoir ? Le coeur ! Si nous étions des vagabonds méditants comme pouvaient l’être les compagnons de Saint François d’Assise que nous fêtons ce jour, nous nous arrêterions. Tu me citerais peut être Saint Augustin : « Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page ».

Et bien ce matin, je t’invite à prendre un peu de ce temps que le don de la vie nous offre, pour voyager. Fais toi tout petit, file te promener sous l’ombre de nos pieds, et tu verras des choses prodigieuses. Tu verras des coeurs, et tu verras des croix. Tu t’interrogeras peut être, comme moi ce matin, sur cet amour qui nous fait si souvent défaut. Le coeur ! Est il besoin d’aller aux portes de l’Europe pour le constater ?

Ah si nous avions à coeur de mieux aimer. Si c’était là l’unique préoccupation de notre journée… Le monde ne changerait-il pas de visage ?

Hélas, nous « aimons tant  » juger, nous « aimons » tant critiquer nous « aimons » tant nous différencier : chacun d’entre nous ne vaut il pas mieux que son voisin ?! Nous « aimons » tellement nous distinguer les uns des autres. Évoluer. Avoir plus. Avoir mieux. Posséder et acquérir la crainte de la dépossession.

Et voilà qu’une petite bestiole passe dessous nos yeux. Un coeur se ballade entre deux herbes qui rappelle brièvement le seul dessein existentiel qui devrait prévaloir sous ces cieux : aimer.

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1ère pluie d’octobre : le comité d’accueil ce soir…

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Voici quelque chose qu’il n’est point coutume d’apercevoir. Lorsqu’un insecte grandit, l’enveloppe de son corps ne « pousse » pas avec lui. Dépourvus de ce squelette interne « allongeable » qui assure aux oiseaux, humains et mammifères, le maintien du corps durant toute leur vie, les crustacés, les araignées et les insectes (que l’on nomme arthropodes) sont dotés d’une cuirasse extérieure : c’est ce qui les vêt qui leur permet l’amplitude du mouvement, la mobilité. De fait, lorsqu’un insecte croît, il lui faut muer, soit s’extraire de cette tenue chitinisée, non extensible, qui tout en lui gainant le corps, le protège, et qu’il abandonnera derrière lui. Sa nouvelle membrane, trop souple, trop tendre, doit vite se durcir : la punaise de ma photo, consciente de sa fragilité, va vite se réfugier sous le dessous d’une feuille. Elle y restera cachée jusqu’au plein durcissement de son nouveau vêtement.

Et quoi, moi, maladroit Gargantua, roi en mon jardin, serai-je attentif, admiratif, attentionné, envers cela qui vit dessous l’ombre de mes pieds ? Ou serai-je, bien au contraire, ignorant, inaccessible, despote, désinvolte, involontairement cruel… ?

A l’école de Saint François, l’homme sans cesse s’émerveille, s’étonne, s’extasie, devant l’infiniment grand, comme de l’infiniment petit. Ce que découvre ses yeux l’enchante. Son coeur est grand ouvert. Il demeure comme un éternel nouveau né. Tout autour de lui n’est que préciosité chantante. Il regarde l’animation fascinante de la vie, ébahi. Il s’agenouille, simplement. La paix qui l’envahit ici, est celle du berger du premier Noël qui contemplait la crèche. il est l’Adam nouveau qui en toute chose créée retrouve la signature de son Dieu.

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